Charles III et l’écologie : un règne à l’heure verte

04/09/2025

Depuis son accession au trône en 2022, le roi Charles III poursuit un engagement écologique qu'il a entamé dès les années 1970. Même si ses fonctions constitutionnelles limitent désormais son intervention publique sur les questions environnementales, son influence personnelle et celles des initiatives lancées à son instigation continuent de marquer le paysage global. Cet article retrace ses engagements historiques, ses projets les plus récents, et accorde une attention spéciale au rôle croissant du prince William, désormais prince de Galles.

Une passion longue de cinq décennies

En 1970, à seulement 21 ans, Charles prend position contre la pollution marine et les rejets chimiques dans les rivières dans un discours prononcé au comité pour le Pays de Galles. Dans les années 1980, il transforme son domaine de Highgrove en exploitation 100 % biologique, avant-gardiste pour l'époque. En 1990, il crée la marque Duchy Originals, avec des produits bios vendus dans le commerce, dont les bénéfices sont reversés à des œuvres caritatives proches de la nature.

Son engagement écologique lui vaut de nombreux prix internationaux : Global Environmental Citizen Award (2007), Rainforest Alliance Lifetime Achievement (2008), German Sustainability Award (2009).

Initiatives phares

The Prince's Rainforests Project

Fondé en 2007, ce projet vise à faire comprendre aux gouvernements et entreprises que les forêts tropicales ont plus de valeur vivantes que détruites. Il mobilise la communauté internationale pour agir contre la déforestation.

Sustainable Markets Initiative et Terra Carta

Lancée en 2020, cette initiative rassemble des dirigeants du monde entier autour d'un engagement commun : intégrer la nature au cœur des modèles économiques. La Terra Carta, charte stratégique, offre une feuille de route pour une économie durable d'ici 2030.

COP et représentation diplomatique

Bien qu'en tant que roi il ne puisse plus participer activement à des événements politiques comme COP27 (qu'il a retiré de l'ordre du jour officieux sur ordre gouvernemental), Charles reste une figure de référence, invité régulièrement à des sommets tels que COP28. Il y partage son message écologique en rencontrant notamment des jeunes innovateurs africains lors de sa visite au Kenya.

Une exemplarité personnelle

Sur ses domaines royaux, Charles met en place des mesures concrètes : panneaux solaires, chaudières à biomasse, réduction drastique de la consommation de viande, culture durable. Il publie également son empreinte carbone annuelle, qui dépasse largement la moyenne britannique, montrant une grande transparence personnelle.

Son engagement se reflète aussi dans une philosophie de consommation responsable, promouvant le "make do and mend", les ateliers de réparation, et les matières durables.

Le legs à son héritier : le prince William

Depuis 2022, le prince William a pris la direction du Duché de Cornwall, un domaine d'une valeur estimée à 1,3 milliard de dollars générant environ 30 millions $ de revenus annuels.

Il conduit un projet majeur de restauration de la forêt tempérée de Wistman's Wood, à Dartmoor, où 450 jeunes arbres ont été plantés pour doubler la superficie boisée, en collaboration avec le Woodland Trust et des agriculteurs locaux.

Il est également cofondateur (avec David Attenborough) de l'Earthshot Prize, lancé en 2020 : cinq prix annuels d'un million de livres destinés à des projets innovants répondant aux défis environnementaux (biodiversité, déchets, climat, océans…). Chaque finaliste peut bénéficier d'investissements, comme NatureMetrics, qui a reçu 25 M $ pour développer ses capteurs environnementaux et sensibiliser les jeunes par le biais de plusieurs activités éducatives.

William participe activement à des actions communautaires, comme l'accueil des enfants gagnants du concours Blue Peter Earthshot à Windsor, où ils ont fabriqué des mangeoires écologiques et échangé sur la protection de la nature.

Il préside des organisations telles que Tusk Trust ou United for Wildlife, et poursuit sa mobilisation sur la lutte contre le trafic illégal d'animaux via des sommets comme celui organisé à Singapour.

Une influence malgré la neutralité constitutionnelle

Le rôle de Charles III est encadré par le devoir de neutralité politique. Néanmoins, ses engagements passent par un leadership moral et culturel, qu'il exerce notamment via la King's Foundation et des programmes comme les Harmony Awards, récompensant des initiatives en harmonie avec la nature et les savoir-faire artisanaux durables.

Alors que certains regrettent son retrait progressif des conférences formelles comme COP, son influence demeure forte au niveau symbolique, diplomatique et au sein du Commonwealth.

Une figure de l'écologie

Le roi Charles III est bien plus qu'un monarque : il est devenu une figure emblématique de l'écologie mondiale. Son parcours, depuis les discours visionnaires des années 70 jusqu'à la promotion d'une économie durable, montre une constance rare. Quant à son fils William, il adapte cette vision à un leadership plus opérationnel et tourné vers les jeunes générations.

Bien que limité dans son rôle protocolaire, Charles III continue d'incarner la voix de la durabilité. À ses côtés, William poursuit l'innovation environnementale à travers l'Earthshot Prize, la restauration écologique et des campagnes de sensibilisation. Ensemble, ils portent une vision royale à dimension écologique, dans un règne à l'heure verte.

Charles III et l’écologie : un règne à l’heure verte