Edward VII, les bases d'une entente cordiale
En 1903, Édouard VII, alors monarque d'Angleterre, entreprend un voyage historique en France. Cette visite, apparemment anodine, va jeter les bases d'une entente cordiale entre les deux nations voisines et qui perdure encore de nos jours.
La visite d'Édouard VII en France va être bien plus qu'une simple escapade royale dont le monarque est coutumier. Résultat d'une volonté profonde de rapprochement entre les deux pays, elle trouve son origine avec la montée de la puissance allemande sous le Kaiser Guillaume II. En dépit de liens familiaux proches avec son cousin Hohenzollern, le roi d'Angleterre avait exprimé sa volonté de voir naître une alliance franco-anglo-russe. Cette ambition se concrétise lorsqu'il fait savoir à son ambassadeur qu'il a l'intention de traverser le « Channel » et de rencontrer le Président français de l'époque, Émile Loubet. Malgré les tensions historiques entre les deux nations durant des siècles, cette rencontre va symboliser l'espoir d'un avenir pacifique.
La visite d'Édouard VII :
Le fils de la reine Victoria n'est pas le premier souverain britannique à fouler le sol français. Sa mère l'a fait à deux reprises : la première en 1843, accueillie par le Roi Louis-Philippe Ier et la seconde en 1855, à l'invitation de Napoléon III qui souhaitait un rapprochement avec « la perfide Albion ». Mais là, c'est la première fois qu'un souverain britannique, francophile de surcroît, pose le pied sur le sol d'une France qui a renoué avec son régime républicain.
Le 1er mai 1903, Édouard VII débarque à la gare du Bois de Boulogne, accueilli par le Président Loubet. Malgré un accueil mitigé dans les rues de Paris (la crise de Fachoda en 1898 est encore dans les mémoires), le souverain britannique reste optimiste. La France a vu les choses en grand : revue militaire au château de Vincennes, course à l'Hippodrome de Longchamp et une soirée à l'Opéra, suivie d'un réception au Palais de l'Élysée couronnée par la curiosité palpable d'une foule conquise peu à peu par la bonhomie du roi. Un enthousiasme qui ne se dément pas durant les trois jours de visite royale. De quoi ravir les deux chefs d'Etat. Loubet de préparer sa visite le 6 juillet suivant, Édouard VII de laisser derrière lui le souvenir d'un homme ne boutonnant pas le bouton le plus bas de sa veste de costume. Une mode qui a traversé les décennies.
Les conséquences de ce déplacement :
La visite est un succès pour les deux pays, marque le début d'une réconciliation profonde entre la France et le Royaume-Uni. L'Entente Cordiale, signée le 8 avril 1904, va résoudre de nombreux litiges coloniaux entre les deux nations (au Maroc et en Égypte, au Siam, aux Nouvelles-Hébrides ainsi qu'à Terre-Neuve) et devenir le socle de la future Triple-Entente, une alliance cruciale pendant la Première Guerre mondiale mise en place en réponse à la Triple-Alliance (formée par l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie en 1882 à l'initiative du Chancelier Allemand Bismarck).
La visite d'Édouard VII en France en 1903 ne se limita pas à un simple échange diplomatique. Elle symbolisa un nouveau chapitre dans les relations franco-britanniques, une ère de coopération et de compréhension mutuelle. Ce voyage royal venait de dessiner le début d'une amitié solide, qui va s'avérer vitale dans les moments les plus sombres de l'histoire mondiale.
Par Lucas Michalon